Tiens-donc...encore
une production...allemande ! Bon, c'est pas comme si vous
n'étiez pas prévenus : du germain, vous allez en bouffer dans
ces chroniques. Je vous refais pas le laïus sur mon attirance pour
la scène électronique allemande blablabla.
Cet
album, passé complètement inaperçu, fête tout juste ses 10 ans, à
l'instant où j'écris. Sous un avatar à usage unique , Mental
Hell, se cache LFO Demon, producteur connu et reconnu chez les amateurs de
musiques dures extrêmes, au travers de ses productions tournant
autour du pot speedcore/breakcore/hardcore.
Cependant, avec Genocide Memoria, Hans-Christian Psaar évolue sur un terrain inhabituel, et signe d'entrée de jeu une pièce maîtresse dans les domaines de l'abstract hip-hop et de l'illbient. Territoire dominé habituellement par DJ Spooky (qui est à l'origine même du terme illbient), la référence et l'affiliation musicale à ce dernier n'ont donc rien de surprenant.
Mais
ne nous méprenons-pas : on n'a
pas affaire ici à un énième clone d'une production du DJ
américain. Genocide Memoria
est bien plus que ça.
En effet, nous
tenons là un projet d'une grande puissance narrative ; de celle que
le vinyle, plus que tout autre support, permet d'exprimer.
Dès la
première écoute, dans une lente cinématique, enveloppée d'un
épais brouillard, défilent sous nos yeux fermés les errements -
génocidaires ou ubuesques - de l'humanité ; il faut dire que
l'ensemble est très suggestif : si le titre même de l'album
nous plonge d'emblée dans l'ambiance (on sait qu'on n'a pas affaire
à du zouk !), celui-ci est également subtilement relayé par les
éléments visuels de la pochette. Camp que l'on croit deviner de
concentration et barre d'immeuble délabrée, deux images noir et
blanc aux contours suggestifs, dont la pertinence de l'association se
révèle telle une évidence à l'écoute des morceaux aux intitulés
sémantiquement chargés : Black Soul Bosnia, Im Käfig
(« en prison »), One Night In Kabul, etc.
Quant à elles, les rythmiques et
les sonorités empruntées au hip-hop et au dub, subtilement empreintes
de mélancolie, véhiculent une image mentale forte tout en forçant
à l'introspection.
Pour parachever le tout, chaque morceau fait l'objet, au verso de la pochette, d'une contextualisation plus ou moins approfondie.
De quoi clouer le
bec à ceux qui en 2014 oseraient encore prétendre que la musique
électronique est dénuée d'âme et de messages.
Ah oui j'oubliais,
c'est un double LP sorti chez Sprengstoff,
trouvable
assez facilement d'occasion à des prix tout à fait
raisonnables.
Extraits
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire